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Le Blogove

12 janvier 2009

Mardi 6 novembre

L'œuf a disparu !

Je m'en suis aperçu hier soir en montant me coucher. J'ai immédiatement suspecté un de mes frères.

Ce soir, j'ai fouillé partout, le plus discrètement possible : rien !

Ensuite j'ai interrogé mes frères à propos d'une balle un peu cabossée que j'aurais déposée dans ma chambre avant de la ramener à l'école à son propriétaire. Leur air réellement ahuri m'a immédiatement convaincu qu'ils n'y étaient pour rien. Mes parents ne l'auraient jamais emporté sans me poser de question.

Comme le reste de l'histoire, c'est tout à fait incompréhensible. Les paroles du patriarche me tournent dans la tête... Je n'en aurai pas profité longtemps ! Il ne croyait pas si bien dire.

Pour peu qu'il existe, car je commence à me demander très sérieusement si je n'ai pas été victime d'une hallucination, si je n'ai pas rêvé tout ça ! Toutes ces images reçues dans un état proche de l'hébétude, de l'hypnose même.

Mais à propos de rêve... j'en ai fait un très étrange la nuit dernière.

scribeUn vieux schnock chauve et bedonnant était assis devant un bureau. Devant lui se trouvait ce cahier dans lequel j'écris. Il semblait le retranscrire sur une sorte de machine à écrire. Je dis "une sorte" parce qu'elle ne paraissait constituée que d'un clavier très plat, qu'elle n'avait aucune mécanique et qu'on n'y voyait pas de papier. Derrière ce clavier se dressait une sorte de ces nouveaux postes transmettant des images, un téléviseur, sauf que lui aussi était plat et que l'image était en couleurs !

Mais bon, ça, au moins, je suis certain que ce n'était qu'un rêve. Idiot de surcroît !


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12 janvier 2009

Dimanche 4 novembre

Toutes ces nuits écourtées finissent par m'épuiser. De plus, je commence à prendre des risques.

Pressé d'expérimenter l'œuf, je me couche plus tôt, ce qui étonne mes parents, et je sors l'œuf de sa cachette avant qu'eux-mêmes soient couchés. Certes, ils ne viennent jamais dans ma chambre, mais il y a mes frères... eux ont moins de scrupules et le benjamin avec ses cinq ans a un côté fouineur qui ne laisse pas de m'effrayer !

Hier, j'ai tenté d'émettre quelque chose. Ce n'est pas aisé !

Jusqu'ici, il me suffisait de me plonger dans cette sorte d'état second et de rêvasser à cette fameuse blogosphère pour obtenir en retour un message plus ou moins lié au sujet. Mais je ne peux, jusqu'à présent, pas poser de question directe, juste orienter l'émission du grand-prêtre vers un domaine plus ou moins précis.

lettreJ'ai donc rêvassé hier que je déposais mon récit dans la fameuse blogosphère. Un peu comme si je confiais un courrier à la poste, le déposant dans une boîte et laissant à l'obscur cycle postal le soin d'acheminer mon envoi.

Rien de particulier ne s'est produit. Je finis par me demander si je n'ai pas bêtement rêvé tout cela, emporté par mon imagination fertile.

C'est vrai, qu'est-ce que j'espérais ? Un accusé de réception en bonne et due forme ?

Ce machin n'est peut-être finalement qu'une vieille balle cabossée dont la seule nouveauté serait la matière constitutive. Une nouvelle matière plastique peut-être, on invente tant de choses aujourd'hui !

Je vais m'offrir une nuit de vrai repos, ça m'éclaircira peut-être les idées...


12 janvier 2009

Samedi 3 novembre

Bernique ! Hier, je me suis acharné pendant plus d'une demi-heure sans qu'aucune des ombres que j'évoquais ne me fasse de réponse (pourtant, ça m'aurait bien plu de vérifier cette légende urbaine qui prétend que le soldat inconnu était allemand).

Par contre, dès que je suis revenu à cette maudite blogosphère, paf ! Le patriarche s'est manifesté. Cette fois-ci, il parlait sur un fond musical joué à la harpe par une des Vestales (la petite mignonne, l'ange musicien au doux regard mélancolique).

Janeczka3serpent"Participe à la grande aventure bloguesque mon enfant !" (il avait le discours suave, un peu comme avait dû l'avoir le serpent de la Genèse) "Laisse-toi porter par la poésie, par l'imagination. Viens, viens, c'est une prière ! Tu goûteras aux délices de l'amour partagé. Tu sauras tout de créatures merveilleuses. Tu verras les ours de Tilu, les chats de Val&rie, les merles de Mamoune. Tu te laisseras bercer par la poésie de Pivoine, séduire par les haïkus de Kloelle, enchanter par les contes de Tilleul, les graphismes d'Amélie. Madame de K t'enseignera les mathématiques et AlainX la philosophie. Si tu aimes les émotions fortes, Joe Barbe-Bleue Krapov te fera mourir d'effroi et de rire... Tu tiens le monde au bout de tes doigts !"

Là, il marqua une pause, avant de m'asséner :

oeuf2"Car c'est bien à toi qu'est échu l'œuf magnifique, l'œuf magique, l'œuf cosmique, l'Athanor, le Parfait ! Celui-là même que j'ai eu dans les mains quelques jours et qui m'a, ô rage, ô désespoir, été ravi inexplicablement, comme s'il s'était volatilisé, dissous dans le flux mystérieux du temps.

Profite de ton bonheur, car il ne saurait durer, je le crains !"

Cette soudaine diatribe m'avait retourné les sens et a rompu le charme, je n'ai plus rien vu ni entendu. J'étais en sueur et j'ai lâché l'œuf qui est retombé sur le sol, où il continua un instant à se balancer mollement.

Mille questions m'assaillirent dont celle-ci : comment ce devin savait-il que j'avais l'œuf ?

Il fallait donc bien que celui-ci émette quelque chose, en plus de recevoir. Jusque là, j'avais pu penser me connecter à une sorte d'émetteur ignorant mon existence, comme pour les postes de TSF. Mais non, il savait. Plus, il était directement sensible à l'engin. Il allait falloir creuser...


11 janvier 2009

Toussaint 1956

Ville-sur-Haine, le premier novembre 1956

 

Personne ne me croira. Alors, je l'écris dans ce cahier en ce congé de Toussaint.
Peut-être qu'un jour, les gens seront prêts et alors…

Ce sera la gloire !

… Posthume hélas.

Tout a commencé le jour de mon quinzième anniversaire. Une étoile filante est apparue dans le ciel. Personne ne s'est trop inquiété, c'est un phénomène courant. Encore que fin octobre (le 22 pour être précis) ce soit bien plus rare qu'en août.

bon_vouloirLe surlendemain, un mercredi donc,  j'avais enfourché mon vélo pour aller me balader au soir tombant dans les sentes forestières du bois d'Havré, derrière la chapelle de Notre-Dame de Bon Secours. En cette saison, on n'y rencontre guère de monde, surtout depuis qu'on y a retrouvé un pendu.

vessgea2En me promenant ce 24 octobre donc, j'aperçus au milieu d'une clairière une boule blanchâtre que je pris d'abord pour une grosse vesse de loup (un lycoperdon, pour les puristes genre mon prof de bio). Vous savez qu'on en trouve d'énormes. Moi, je le sais depuis l'école primaire où l'on explorait encore la campagne.

Comme elle n'était pas encore desséchée (j'imaginais le nuage de poussière de spores que j'aurais alors pu produire en l'écrasant du pied) je m'apprêtais à passer mon chemin quand je remarquai, pas loin de la chose, une sorte de cratère.

Je m'arrêtai donc et mis pied à terre. Le cratère n'était pas très grand : quelques dizaines de centimètres. En son centre, une masse noirâtre assez lourde pour sa petite taille. Je l'ai mise en poche pour l'ajouter à ma collection de cailloux puis j'ai examiné le pseudo-lycoperdon.

Il était fait d'une matière qui m'était inconnue. Sa surface, douce au toucher, était marquée d'une dizaine d'alvéoles où j'aurais pu entrer le bout des doigts. J'ai emporté cet étrange objet. Ça n'a pas été de la tarte car je devais conduire de la main gauche tout en maintenant la "vesse de loup" sous le bras droit, mais bon, le vélo, ça me connaît.

Rentré chez moi,  je dissimulai l'objet au fond de ma garde-robe, un meuble en chêne massif au fronton majestueux, gravé de volutes et de roses (ou de pivoines ?) en attendant de pouvoir l'examiner de plus près une fois la nuit tombée.

L'examen attentif de sa surface ne révéla rien de particulier, elle était lisse et je n'y trouvai pas trace de système d'ouverture, de couture de joint de moule, pas de point de suture d'une entrée qui aurait permis de le souffler. Rien ! Aux encoches près, on aurait dit un œuf, un gros œuf. Mais au toucher, on sentait bien qu'il ne s'agissait ni de cela, ni d'un végétal quelconque.

Côté masse, il n'était pas très lourd. Je restais perplexe, la nature de "la chose" m'échappait totalement ! Je la rangeai, songeant très sérieusement à tenter de l'ouvrir le lendemain au moyen de la scie à métaux de mon père.

Le jeudi 25, après une soirée consacrée au travail scolaire, je montai dans ma chambre pour réexaminer l'objet. Tenter de l'ouvrir ne me paraissait plus une aussi bonne idée que cela. Je me rappelais encore avec horreur mon ami Michel qui avait perdu une main en sciant la douille d'un obus de DCA de 20 mm retrouvé après la guerre.

Allongé sur mon lit, le lycoperdon synthétique entre les mains, je fis le point de la situation : me voici en possession d'un objet dont j'ignore la nature, l'éventuelle utilité et même la provenance. La chose en soi, comme aurait dit mon prof de latin, la chose en tant que telle, la chose en tant que chose.

orchis_anthropophorum_2Bon, je l'avais trouvée au milieu d'un bois, pas loin d'un cratère (y avait-il un lien avec cette météorite ?), pas loin d'un arbre à pendu, plus près encore d'une touffe d'acéras homme pendu (Orchis anthropophorum) dont la pousse est favorisée par le sol crayeux de l'endroit. Bref, vous l'aurez compris, je rêvassais, mais une question revenait sans cesse : elle n'était pas arrivée là toute seule ! D'où donc venait-elle ?

Tandis que cette question tendait à m'hypnotiser, j'avais glissé machinalement le bout des doigts dans les alvéoles, on les aurait cru taillés sur mesure. Et c'est alors que ça s'est produit : une image mentale, un peu comme un rêve et quelques bribes sonores :

 

papi2

"....ui...api....iarch...o....o...ère..."

 

Ça m'a ramené mes esprits d'un coup sec et j'ai lâché la "chose" qui est tombée au sol. J'ai craint qu'elle ne se brise sous le choc, mais elle a rebondi mollement sur la descente de lit. Je l'ai empoignée et remise dans sa cachette.

Cette nuit-là, j'ai mal dormi. Mal dormi ! Moi que d'ordinaire, rien n'empêche de dormir, même pas ma mauvaise conscience...

prisonnierJ'ai rêvé des choses étranges : je me trouvais sur une plage et tentais, pour je ne sais quelles obscures raisons de quitter l'endroit, mais une énorme sphère blanche et molle me poursuivait, me culbutait au sol, m'y maintenait écrasé, le souffle court, avant de me laisser me redresser et de me pousser vers là d'où je venais.

Vendredi, toujours une fois la maison endormie, je me suis à nouveau, non sans une certaine appréhension (je craignais que dans l'obscurité elle ne fut phosphorescente, mais ce n'était pas le cas), saisi de la "chose" et, après avoir précautionneusement introduit le bout de mes doigts dans ses fameuses cavités, je me suis, les yeux clos, concentré derechef sur sa mystérieuse origine.

Rien !

J'avais beau me concentrer, rien n'advenait. Ce n'est que quand, la somnolence aidant, je fus entré dans un état de semi-veille que les images  et les sons sont revenus, plus nets cette fois :

papi3

"Je suis le Papispatriarche de la blogosphère ! J'œuvre à la diffusion de cet œuf primordial, cosmique, aidé par mes Vestales, gardiennes du feu sacré, car je l'ai, le feu sacré..." (il n'a pas dit où)

ecto1


Cette simple réception m'avait mis sur les genoux ! Façon de parler imagée, bien sûr, puisque, dois-je le rappeler, j'étais couché sur le dos.

Les Vestales, ça allait, on n'en est pas à sa quatrième année de latin-math sans avoir entendu parler de ces séduisantes et ardentes jeunes femmes. Patriarche, on imagine assez, même si tout cela n'était guère orthodoxe, mais blogosphère alors...

Après avoir rangé "l'œuf", je m'endormis sur cette nouvelle interrogation. Les choses, décidément, n'allaient pas en s'éclaircissant.

Samedi,  retour de l'école vers une heure, déjeuner rapide et départ de la famille pour une visite chez ma tante à Vezin, nous repartirons très tard le dimanche soir et rentrerons à travers un brouillard à couper au couteau (que, par ailleurs, nous n'avions pas) pour ne nous retrouver chez nous que tôt, le lundi matin. Point d'occasion donc, d'entrer en relation avec ce monde étrange qui commençait a envahir mon esprit. Seule ma cousine préférée avait pu, pour quelques heures, me détourner de cette préoccupation.

Le lundi,  je repris mes investigations et décidai de tenter d'en savoir plus sur cette mystérieuse blogosphère sur laquelle je braquai donc mon esprit.

Gal_neFaut dire que se brancher sur le bazar, ça ressemble furieusement à l'usage du poste à galène (mon pote Francis en a bricolé un) : faut trouver la bonne facette, se concentrer, mais pas trop s'énerver. Au début, ça crachote un max et puis, on finit par recevoir quelque-chose.


Papi4

"La blogosphère rayonne à travers l'espace et le temps, elle est multiforme et omniprésente, elle règne sur les esprits. Elle est, à l'exemple de l'univers, en constante expansion. En son sein, un endroit vaut l'autre, sauf les défis qui en sont la quintessence et dont je suis le maître incontesté"
Et les Vestales prosternées d'ajouter de leurs voix confondues : "Habemus papam !"

Décidément, rien ne se mettait en place dans ce puzzle à la con et je craignais de plus en plus pour la santé de mon esprit cartésien. Mais c'est justement lui qui me poussait à poursuivre d'un insidieux "Il y a toujours une explication..."

Mardi, avant-hier donc, je fis le point : qu'avais-je gagné en compréhension du phénomène ? Rien ! En plus du mystère de l'origine du champignon télépathique, j'avais récolté : une mystérieuse blogosphère, une sorte de grand-prêtre mégalomane, deux évaporées de la plus belle eau et un furieux mal de tête.

Je restai plongé dans un abîme de réflexions, ma mère me trouvait prostré, mon père, comme toujours, ne disait rien mais n'en pensait pas moins (les flamands, quoi qu'on en dise ou pense, recèlent tout au fond d'eux un petit côté contemplatif).

Mercredi, je me reconnectai.

Je me trouvais subitement un petit air de famille avec Jeanne d'Arc, y compris la virginité (à cela aussi il faudrait trouver une solution, mais je m'égare...), sauf que moi, non seulement j'entendais des voix, mais de plus, je voyais des images.

J'avais entre-temps découvert une question supplémentaire : si le machin, à l'instar du fameux poste à galène, permettait la réception; autorisait-il, comme le téléphone, un échange bidirectionnel ? Il faudrait que je m'en assure. Mais pour l'instant, la maîtrise de la réception me coûtait encore beaucoup trop d'efforts.

Durant cette nouvelle session, je restai branché sur leur blogosphère et récoltai ceci, sans image cette fois :

"La Blogosphère, que son Saint Nom soit vénéré, autorise la communion des esprits, elle rassemble les volontés, elle fédère les énergies, elle abreuve ses enfants à son sein nourricier, elle est source de félicité car elle agit comme une drogue : d'abord euphorisante, ensuite excitante, enfin obsédante."

Réponse sibylline s'il en est. et qui me faisait furieusement penser aux oracles de la pythie de Delphes auxquels on pouvait faire dire n'importe quoi et son contraire.

Voilà où j'en étais à l'aube de ce jour de Toussaint. Demain, jour des morts, je me concentrerai sur un défunt, pour tenter de voir jusqu'où peuvent aller les possibilités de communication de ce maudit engin. Mais pour contacter les morts, ne devrais-je pas le camoufler en citrouille ?


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